Gabriel Marius Cazemajou (1864-1898) est né à Marseille. Diplômé de l’École polytechnique à 18 ans, il se forme à l’École de Fontainebleau dans le génie militaire. En 1888, il sert au Tonkin, est promu capitaine en 1889, puis est envoyé en Tunisie où il participe à un raid sur Ghadamès (Libye). Il reçoit la Légion d’honneur en 1894.
En 1896, un informateur lui indique qu’il reste des survivants de l’équipe de la mission Flatters [1] au sud du Sahara. Il sollicite le ministère des colonies et le comité de l’Afrique française [2] pour partir faire des recherches.
Il va obtenir un agrément, mais sa mission sera redéfinie et financée par le ministère des affaires étrangères. Le 22 février 1897, il reçoit des instructions ; il devra faire des repérages pour définir les limites des « possessions » françaises et britanniques [3]. De la ville de Say (au sud de Niamey), il devra se diriger à l’est vers le lac Tchad, le plus rapidement possible et, dans les régions traversées, il devra passer des accords de protectorat avec des chefs africains pour donner des « droits » à la France. Accompagné de trois Français, de tirailleurs, de domestiques et de 400 porteurs, il commence sa route. À l’arrivée, il ne reste qu’un peu plus de 200 hommes. Dix ont été exécutés, certains sont morts d’épuisement, d’autres, malades sont abandonnés. Une centaine réussit à fuir. Il n’aura à ses côtés plus qu’un seul Français (l’interprète M. Olive), l’un est tombé malade et l’autre, manifestant son désaccord avec les méthodes brutales du capitaine, est congédié. Ce sont des bœufs et des chevaux qui porteront les bagages. Sur sa route, il signe un « traité » avec le Sultan d’Argongou, et cherchera à signer un accord avec le sultan du Damagaran. Mais sa mission se termine mal. Il sera attaqué dans une embuscade par les Touaregs à Zinder en mai 1898 et les corps des Français seront jetés au fond d’un puits à sec. Ils ne seront découverts que l’année suivante, lors d’une expédition de conquête militaire française du Tchad particulièrement meurtrière pour les populations [4]. Un monument sera érigé sur place et les restes du capitaine seront ramenés à Marseille.