Expressions libres

Bienvenus dans la planète Marseille !

Depuis des années, un grand nombre de sauveurs, civilisateurs débarquent à Marseille déguisés en artistes, comédiens, éditeurs, élus, journalistes, militants, travailleurs sociaux, acteurs de l’économie sociale et solidaire à qui notre ville offre une place au soleil.

Depuis des années, ils parviennent à vendre leurs discours, prêches et modes d’emploi racistes aux contours orientalistes tout en irriguant des terres marseillaises pourtant ravagées.

Depuis des années, la Méditerranée devient le lieu d’un cosmopolitisme fantasmé, exotisé et dépolitisé. Un exotisme cautionné et substancié par leur repas hebdomadaire à Noailles chez l’arabe du coin où ils peuvent enfin retrouver les odeurs et saveurs de leur enfance abandonnées cruellement à Oran en 1962.

Depuis des années, ils parviennent même à trouver des Bachaga Boualem pour leur cirer les chaussures et leur offrir des couscous. Couscous qui deviennent rapidement toxiques tant les ossements d’Algériens continuent d’être indigestes plus de 60 ans après la guerre de libération.

Depuis des années, nos corps sont passés au crible de ces prédateurs obsessionnels qui n’ont qu’une visée, boire notre sang tout en nous reprochant de ne pas trinquer autour de leur vin tant redouté ! 

Depuis des années, ces vautours se mettent même à écrire des articles, à clamer des orientations politiques, à fabriquer de nouveaux schémas « inclusifs » et « solidaires » qui nous apprennent à manger, à respirer, à nous laver, à éduquer nos enfants, à maîtriser nos émotions tant diabolisées, à cultiver les terres des quartiers populaires souillées par un système structurellement organisé où survivent des êtres errants que l’on ne peut ni pleurer, ni soigner, ni même enterrer dans la dignité.

Le vieux monde immonde, n’est pas éteint et le drame que traverse notre ville aujourd’hui vient nous le rappeler avec une brutalité exacerbée.

Toujours et encore, qu’ils s’appellent Nahel, Souheil, Zineb, Aboubacar ou Mehdi nos corps sont exposés à la colonialité d’un monde, autrement dit à la mort car toujours impunie. Comme si le meurtre des nôtres était un meurtre sans que vraiment ne coule le sang nous dit l’historien Noureddine Amara.

Un mort qui trouve sa source au sein d’une colonialité cultivée, choyée et renforcée au sein de chaque conseil municipal qui nous donne à voir et à lire un racisme et une islamophobie vociférée au creux d’une gorge qui se prétend républicaine. Cette même république qui a si souvent été le lieu et l’incarnation parfaite de nos mises à mort.

En cette année 2025, les enfants de la maternité de la Belle de Mai qui ont connu l’enfermement de leurs pères aux Baumettes pendant la guerre de libération, la naissance du Mouvement des Travailleurs Arabes, les ratonnades, l’entrée des drogues dures dans nos quartiers, la marche pour l’égalité et contre le racisme, la naissance du collectif du 1er Juin, les états généraux de Marseille, la mort des 8 habitants de la rue d’Aubagne, le crime de Zineb Redouane, de Souheil El Khalfaoui, de Brahim, Mehdi et tous les nôtres continueront de vous faire face, de vous interpeller et de vous identifier comme comptables de nos morts.

Nous, enfants de la maternité de la Belle de Mai, continuerons à clamer à la face des lâches la résistance de nos anciens et de nos enfants. Nous continuerons sans relâche notre combat pour notre droit à la vie dans chaque coin de cette ville.
Et cela ne se satisfait pas de vos photos dénuées de toute pudeur et de toute décence qui, dans la valse de vos discours creux, croient nous rendre justice.

Au meurtre des nôtres, meurtre consommé encore ce 13 novembre 2025, il faut rendre son véritable nom, un crime d’État.
Aujourd’hui, le terrible de cette qualification du crime accuse l’État français à qui nous, enfants de la maternité de la Belle de Mai demandons justice.

Les enfants de la maternité de la Belle-de-mai

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Mise à jour :samedi 29 novembre 2025
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