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Arrondissement 3ème - Quartier De la gare Saint Charles à Longchamp

Victor Hugo (place et lycée)

Dénomination du 14 février 1902.



L’universalisme de Victor Hugo (1802-1885) l’amène à penser que la France peut apporter avec les conquêtes coloniales, la civilisation et la paix au bout du fusil.
D’où des textes qui font froid dans le dos mais aussi, parfois des textes qui peuvent paraître totalement contradictoires. En 1841, il écrit :

Je crois que notre nouvelle conquête est chose heureuse et grande. C’est la civilisation qui marche sur la barbarie. C’est un peuple éclairé qui va trouver un peuple dans la nuit. Nous sommes les Grecs du monde ; c’est à nous d’illuminer le monde. Notre mission s’accomplit, je ne chante qu’hosanna [1].

Mais, en 1869, il dira :

Permettez-moi, puisque l’occasion s’en présente, d’envoyer une parole de sympathie à ces nobles terres qui, toutes deux, ont poussé un cri de liberté. Cuba se délivrera de l’Espagne comme Haïti s’est délivré de la France. Haïti, dès 1792, en affranchissant les Noirs, a fait triompher ce principe qu’un homme n’a pas le droit de posséder un autre homme ; Cuba fera triompher cet autre principe, non moins grand, qu’un peuple n’a pas le droit de posséder un autre peuple.

Mais en 1879, dans un banquet commémoratif de l’abolition de l’esclavage en compagnie de Victor Schoelcher :

Allez, faites ! faites des routes, faites des ports, faites des villes ; croissez, cultivez, colonisez, multipliez ; et que sur cette terre, de plus en plus dégagée des prêtres et des princes, l’Esprit divin s’affirme par la paix et l’Esprit humain par la liberté ! Allez, Peuples ! emparez-vous de cette terre. Prenez-la. À qui ? À personne. Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre l’Afrique à l’Europe. Prenez-la. Où les rois apporteraient la guerre, apportez la concorde. Prenez-la, non pour le canon, mais pour la charrue ; non pour le sabre, mais pour le commerce ; non pour la bataille, mais pour l’industrie ; non pour la conquête, mais pour la fraternité. [Applaudissements prolongés.] Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires.

On pourrait ainsi continuer en alternant les citations1. Sur la place Victor Hugo, la faculté des sciences SaintCharles abrite des collections provenant de l’Institut colonial de Marseille fondé en 1893 par le Dr Édouard Marie Heckel qui avait créé un laboratoire de recherches et constitué un Musée colonial au 63, boulevard des Dames. Déplacé en 1920 sur le campus, démantelé en 1960, ce Musée colonial conserve des trésors botaniques et, avec eux, des traces des grandes expositions coloniales de Marseille et de Paris. Depuis le 29 janvier 2015, l’ensemble du Musée colonial de Marseille, son mobilier et une partie des herbiers sont inscrits aux monuments historiques.

[1Victor Hugo, Choses vues, Paris, Folio, 1997.

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Mise à jour :samedi 21 décembre 2024
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