Situé dans le quartier de Montredon, au 20 du boulevard des Salyens, le domaine Pastré, appelé la Campagne Pastré, comprend les bastides : Châteaux Pastré, Sanderval et Estrangin et la Villa provençale.
Les cinq frères Pastré fondent la maison Pastré Frères et accroissent la fortune héritée du père grâce aux échanges commerciaux et maritimes avec l’Égypte.
Dès 1825, Jean-Baptiste installe un comptoir à Alexandrie et tisse des relations privilégiées avec le pacha Mehmet Ali. Il y sera rejoint par son frère Jules. Ils transportent du blé et du coton égyptien vers Marseille où Joseph, Eugène et Paul revendent la marchandise, réalisant de substantiels bénéfices. La société va aussi investir massivement (Compagnie des eaux, navigation sur la mer Rouge ou le Nil, etc.) et financer les études techniques pour le canal de Suez. Joseph et Jean-Baptiste seront actionnaires de la société retenue pour le percement du canal en 1858.
Les Pastré vont construire une minoterie (Société des moulins d’Égypte) munie de machines à vapeur à Alexandrie et au Caire et ce sont leurs navires qui transporteront les équipements depuis la France.
La société investit aussi dans le secteur bancaire : Banque anglo-égyptienne, Société marseillaise de crédit. Ils s’implantent en Tunisie, devenant les banquiers privés de la Régence, chargés par le bey des opérations financières avec les grands centres européens. Ils organisent le transport de pièces d’argent françaises pour les transformer à Tunis en piastres à l’effigie du bey. La maison Pastré possède une flotte marchande qui va se déployer sur toutes les mers du globe. La guerre de Crimée (1853-1856) sera l’occasion d’accroître les profits de la maison. Elle va installer des comptoirs sur la côte de Guinée pour le négoce de l’arachide et de l’huile de palme, suivant la voie ouverte par Victor Régis [u r. Louis-Régis, 11e arr.]. Jean Baptiste sera président de la chambre de commerce de 1852 à 1866.
Né à Lyon d’une riche famille d’industriels, Aimé Olivier (1840-1919) devenu vicomte de Sanderval est ingénieur, diplômé de l’École centrale de Paris, il devient explorateur privé et ouvre la voie à l’établissement de la colonisation française en Guinée. Il épouse, en 1866, Rose Pastré, fille de Jean-Baptiste, pour qui il fait construire un château qui prendra qui prendra le nom de Château Pastré.
Il part en 1877 sur la côte de Guinée pour faire l’inventaire des établissements de Pastré frères mis en liquidation à la mort de son beau-père. Il contacte différents rois ou chefs africains dans le but de préparer sa prochaine expédition vers le Fouta-Djalon, pays des Peuls, au centre de l’actuelle Guinée, région qu’il juge stratégique pour y installer des colons européens chargés d’apporter « les bienfaits de la civilisation ». Son rêve est de conquérir tout seul pour la France toute la région du Sahel alors appelée Soudan et d’y faire passer un chemin de fer.
Il va, à ses frais, faire plusieurs expéditions. Il négocie avec le roi du Portugal, lui propose des échanges de territoires sur lesquels il n’a alors aucun droit et lui remet des cartes qu’il a réalisées. Pour le remercier, celui-ci le nomme comte de Sanderval en 1881. Il fera valider son nouveau nom Olivier de Sanderval par l’état civil en France.
Il parvient à établir des liens directs avec l’almamy, le dirigeant du royaume théocratique fédéral du FoutaDjalon. Il obtient la signature de divers accords, avant d’être écarté par le gouvernement français qui mènera ses propres négociations.
C’est finalement par la conquête armée que la France prendra possession de la région en 1896 avec l’accord de l’Angleterre et Sanderval devra rentrer définitivement dans sa propriété de Montredon. Il ramènera plusieurs objets d’art et se consacrera à la publication de ses récits de voyage et d’essais mystico-philosophiques. La case qu’il a construite sur la côte guinéenne est actuellement dans l’enceinte du Musée national de Sandervalia à Conakry.