François Bayrou, à peine nommé Premier ministre, commet un premier acte politique inqualifiable. Au lieu de prendre un avion pour Mayotte, alors qu’un cyclone dévaste le département, le premier ministre préfère aller présider le conseil municipal de Pau. Est-ce que le Premier ministre aurait fait la même chose si c’était arrivé dans les Landes par exemple ? Bien plus, il commet un lapsus révélateur lorsqu’il essaie de se justifier en laissant entendre que Mayotte n’est pas un territoire national.
Mayotte est le département le plus pauvre de France et la grande majorité des habitants y vit sous le seuil de pauvreté et l’accès aux soins y est particulièrement difficile. 40% des « logements » sont des habitats précaires regroupés en de grands bidonvilles et 60% n’ont pas l’eau ni l’électricité en continu (pas seulement les bidonvilles).
On a pu voir sur les images du cyclone Chiro diffusées par les chaines de télé : les tôles arrachées, les toits qui s’envolent sous la force des vents. Un bilan provisoire du 20 décembre fait état de 35 morts, mais le nombre de victimes est sans aucun doute considérablement plus élevé. Le bilan réel sera d’ailleurs très difficile à établir compte-tenu de la méconnaissance par les autorités du nombre réel d’habitants.
Des familles entières, sans papiers, sont décédées car, par peur d’être arrêtées et expulsées, elles ne sont pas allées vers les abris.
À Marseille vivent de nombreux Comoriens, parmi eux les mahorais (habitants de Mayotte, en comorien c’est Maore). Certains observateurs évaluent cette diaspora à presque 10% de la population des iles. Des familles marseillaises sont dans l’angoisse car elles n’arrivent pas à avoir de nouvelles des leurs (pas d’électricité, donc pas de réseau).
Lors de sa visite à Mayotte le Président est pris à partie et hué par la population, il tient alors des propos indignes : « Parce que vous êtes contents d’être en France. Parce que si ce n’était pas la France, vous seriez 10000 fois plus dans la merde »… "Il n’y a pas un endroit de l’océan Indien où on aide autant les gens".
Cette posture colonialiste a provoqué une vive réaction de la part de personnalités marseillaises qui publient le 19 décembre une tribune dans libération : « Emmanuel Macron, petit maître colon à Mayotte » (Nassurdine Haidari du CRAN et Chahidati Soilihi élue 15/16 à Marseille)
Ceux qui dirigent la France continuent à considérer qu’une politique coloniale et impériale est indispensable dans cette région du monde au mépris du droit international (l’ONU refuse de reconnaitre le rattachement de Mayotte et d’autres iles à la France car les frontières issues de la décolonisation ne doivent pas être modifiées). L’empire maritime français (10,9 millions de km2) est le deuxième après les États-Unis et 97% de celui-ci borde les « outremers » : « Il ne saurait y avoir de stratégie maritime, sans stratégie ultra-marine » indique un rapport du sénat en 2012.
On peut voir sur la carte du centre d’études stratégiques de la marine, la situation des iles rattachées à la France, détachant Mayotte du reste de l’archipel des Comores.
Voir le livre de Rémy Carayol : "Mayotte. Département colonie" Editions La Fabrique et le site du Ritimo.