En France, depuis le 19ème, dénommer une rue ou changer son nom, parfois a plusieurs reprises, est un acte éminemment politique. C’est en partie ce que le Guide du Marseille colonial ou notre blog (article Gallieni a eu sa place à Marseille…grâce à Pétain !) souligne à travers les dates de délibération ou les circonstances.
Très souvent on nous objecte que changer le nom d’une rue est compliqué administrativement ? Bien plus compliqué que de changer le nom d’un espace ou d’un lieu municipal. C’est ainsi qu’a disparu l’école Bugeaud remplacée par l’école Ahmed Litim tirailleur algérien qui a succombé lors de l’assaut contre les troupes allemandes regroupées sur la colline de la vierge de la Garde lors de la libération de Marseille en 1944. Mais cette école se trouve toujours... rue Bugeaud, perpendiculaire à celle de son complice Cavaignac.
Or nous apprenons, par Marsactu, que La rue Alexis-Carrel (sera) effacée des murs de Marseille et s’appellera désormais, Armand Carrel un journaliste républicain, du XIXème siècle, dont la principal intérêt est de porter le même nom sans rapport avec l’histoire de la ville ou du quartier. Le conseil municipal devrait le décider ce vendredi 10 février à la suite de la proposition de la commission de dénomination des rues. Une disparition bien venue mais une pirouette bien commode, bien plus commode que de profiter de l’occasion pour s’interroger sur la démarche qui conduit au choix du nom des rues, sur la composition étroite et confidentielle de la commission de dénomination, sur la non-participation des habitants, sur l’opportunité de nouvelles propositions telles que des noms de femmes ( quasi absentes des rues de Marseille), des personnalité.e.s ou de militant.e.s antiracistes ou anticolonialistes.
Malgré ces réserves, une bonne nouvelle cependant, qui devrait en annoncer d’autres, nous l’espérons, plus « courageuses » à commencer par les rues Bugeaud et Cavaignac.