Fûts Saint-James sur le port de Marseille. Source : Infosbar.com
Au n° 11 de la rue Neuve Sainte-Catherine dans le 7ème arrondissement de Marseille se trouve un immeuble relativement récent nommé le « Le Saint James ». Saint James ne faisant pas partie des nombreux saints du terroir marseillais, on peut s’interroger. La réponse est simple ici était située, jusqu’en 1983, le siège de la distillerie Saint-James de Martinique. Cela demande, tout de même, des explications.
En Martinique, comme dans toute les Caraïbes, le développement de la traite des esclaves africains est liée, principalement, à l’expansion de la culture de la canne à sucre. C’est en 1765 que les premiers rhums distillés en Martinique sont exportés en Amérique du Nord sous le nom de Rhum Saint James par les frères de la Charité qui, à la demande de Louis XV se sont installés en 1685 sur un domaine, l’habitation du « Trou-Vaillant », y gèrent un hôpital et y créent une première distillerie. Les esclaves, plus d’une centaine, sont classés en trois ateliers : les grands travaux pour les 16 à 55 ans en bonne santé ; le sarclage pour les vieillards et nourrices ; le nettoyage du manioc et des herbes pour les 7 à 14 ans.
Avec la révolution française, les biens des religieux deviennent des biens nationaux, mais les frères de la Charité continuent à administrer leurs biens sans problème, également durant la présence anglaise (de 1794 à 1802). Le 27 Décembre 1802 sous Napoléon Bonaparte, les Plantations Saint James sont déclarées biens nationaux et propriété de l’État français. Entre 1809 et 1814, la Martinique est à nouveau occupée par les Anglais puis l’habitation est cédée par décret royal du 17 août 1827 à la société des rhums Saint-James qui vient d’être constituée. C’est dans cette période, que commence à intervenir un négociant marseillais en vins et liqueurs, Paulin Lambert (1828-1905), il s’intéresse à la production de rhum en Martinique et introduit en grande quantité sur le marché français et anglais le rhum Saint James.
En 1848, à la chute de la Monarchie, les esclaves exigent une émancipation immédiate. Plus de 2000 esclaves se soulèvent et la lutte armée des esclaves de Saint Pierre précipite la proclamation de l’émancipation onze jours avant l’arrivée du décret. Le 23 mai 1848, le gouverneur de l’île procède à l’abandon des poursuites contre les insurgés mais les colons sont indemnisés pour la perte de leur main-d’œuvre gratuite.
En 1882, après le rachat progressif de plusieurs habitations, dont celle de « Trou-Vaillant » Paulin Lambert dépose la marque Saint James. Deux ans plus tard, il choisit un format de bouteille carré afin d’en faciliter le stockage et de limiter la casse. Les étiquettes précisent précisent « Rhum des Plantations Saint-James ». Les fûts de rhum envahissent les quais de Marseille, il crée des succursales à Bordeaux et au Havre. Associé à ses fils, il ne cesse par la suite d’agrandir son domaine et ses sociétés. En 1931, l’un d’entre eux, Ernest Lambert devient Président du Syndicat des distillateurs de France et des colonies. Aujourd’hui, Saint-James fait partie du grand groupe la Martiniquaise.
Sources :
Société anonyme des plantations Saint-James (1886-1963) sur le site de FranceArchives
Histoire de Saint-James, site officiel
Ancien siège de la distillerie Saint-James sur le site tourisme-marseille
Saint James : de Saint Pierre à Sainte Marie…
Distillerie Saint-James sur Wikipedia