Le site constitue, d’abord, une place non officielle sur les ruines laissées par les bombardements américains de mai 1944. L’espace du futur square demeure longtemps sans dénomination précise. Elle est parfois appelée place des Chibanis car c’est là que se rencontrent les vieux travailleurs immigrés du quartier Belsunce. Au début des années 2010, un collectif d’habitants militant pour l’entretien et l’aménagement de la place, porté par le comité d’intérêt de quartier et l’association des commerçants, prend l’initiative de lui donner le nom de place Louise-Michel. Lors d’une commémoration de la mort de Louise Michel, organisée par l’association des Amis de la Commune de 1871, ils apposent une plaque de rue fabriquée par leurs soins sur un mur de la place. Ce nom officieux entre dans l’usage, la plaque est maintenue jusqu’au moment des travaux d’aménagement du square. En juin 2018, à la fin des travaux, le conseil des 1er et 7e arrondissements puis le conseil municipal en mairie centrale officialisent ce choix et attribuent à la place le nom de square Louise-Michel. Louise Michel est née le 29 mai 1830 à Vroncourtla-Côte, en Haute-Marne, et morte le 9 janvier 1905 à Marseille. Enseignante, militante révolutionnaire et féministe, puis anarchiste, elle est reconnue et respectée par tous les courants du mouvement ouvrier. Figure majeure de la Commune de Paris de 1871, elle est déportée en Nouvelle-Calédonie et débarque le 10 décembre 1873 à Nouméa. Elle se lie avec les Kanak et découvre leur culture. Elle apprend des rudiments des langues kanak, elle répertorie « légendes et chansons de gestes canaques » qu’elle publiera plus tard à son retour en France [1]. Elle fut une des rares déportés à dénoncer et s’insurger contre le sort réservé aux Kanak. Elle soutient ouvertement et concrètement la grande révolte de 1878. Elle dénonce la répression féroce à laquelle participent de nombreux communards contre remises de peine et qui, pour certains, se voient octroyer des terres confisquées aux Kanak. Dans ses mémoires, elle décrit l’exécution du grand chef Ataï le 1er septembre 1878 par un auxiliaire kanak membre d’une colonne armée formée, également, de déportés politiques et de déportés de droit commun.
Elle rencontre les Algériens déportés après l’insurrection de 1871. Elle s’engage à leur rendre visite dans leur pays après sa libération. En 1904, elle effectue, à 74 ans, une tournée en Algérie d’octobre à décembre avec Ernest Giraud. Elle y dénonce devant des salles combles les méfaits du colonialisme. Épuisée, elle doit rentrer et meurt à Marseille dans l’hôtel Oasis situé au 19 boulevard Dugommier [2].