Il y a 100 ans, le 16 avril 1922 était inaugurée l’exposition coloniale de Marseille, 16 ans après le succès de l’exposition de 1906 (1 800 000 visiteurs). Elle devait marquer le triomphe de l’empire colonial français et consacrer Marseille comme la capitale maritime de cet empire, la porte de l’Orient.
Comme celle de 1906, elle se déroula, dans ce qui est devenu plus tard le Parc des expositions, le Parc Chanot, du nom d’Amable Chanot le maire de la ville en 1906. Elle fut visitée par plus de 3 millions de personnes.
Le Guide du Marseille colonial reviendra plus longuement sur ces deux expositions, leur signification et les protagonistes. Aujourd’hui il ne reste rien, ou presque, de cette gigantesque entreprise de propagande et de ses constructions, si ce n’est le Palais des Arts, un temps siège du Musée du Vieux Marseille, transformé aujourd’hui en salles de réceptions et de congrès et la grille du Parc, inaugurée en 1924 en souvenir de l’exposition.
L’immense empire colonial lui aussi s’est écroulé mais ne veut pas mourir. Il s’accroche à ses positions stratégiques, économiques et de prestiges dans le Pacifique, les Caraîbes ou l’océan indien et continue de peser par ses interventions militaires, économiques et politiques en Afrique sub-saharienne. Quant à l’idéologie coloniale de supériorité de certains peuples sur d’autres elle continue, chez nous à entretenir le racisme, à semer la division et empoisonner la vie politique.
À voir
Aux Archives départementales, l’Exposition coloniale de 1922
également sur son compte twitter le journaliste de La Marseillaise David Coquille donne le lien avec un albilm album de 84 photographies et cartes postales sur l’exposition coloniales de 1922
Le contexte de l’exposition coloniale de 1922
- Le 7 mai 1942 le président de la République Millerand visite l’exposition coloniale, à son retour d’Algérie. Au cours de son voyage, le 20 avril, en visite au Mausolée de Sidi Abderrahmane, à Alger il a été publiquement interpellé par l’Èmir Khaled, petit-fils d’Abdelkader qui réclame égalité et justice pour le peuple algérien. La presse dénonce une manifestation « déplacée » du « nationalisme indigène ».
- Au Maroc, la conquête du Maroc par l’armée française se poursuit et ne s’achèvera qu’en 1937. Au nord, le 18 septembre 1921 Abdelkrim Al-Khattabia proclamé la République du Rif.
- Du 17 décembre 1922 au 7 janvier 1923, a lieu la première traversée du Sahara de Touggourt à Tombouctou en automobile. Elle relie les colonies françaises d’Afrique du nord à celles d’Afrique occidentale et annonce la Croisère noire (1924-1925).
- Les protectorats de la France sur le Liban et la Syrie sont officialisés. Au Liban la France met en place des institutions sur une base confessionnelle au côté du Gouverneur français.
- La Palestine est placé sous mandat britannique.
- L’Indochine française est alors considérée comme la « perle » de l’Empire colonial, un quart de la superficie de l’exposition coloniale lui est consacré.
Mais en Indochine le mouvement nationaliste anticolonialiste se développe et se structure. En france, dans le journal l’Humanité, Nguyễn Ái Quốc (« Nguyên le patriote »), le futeur Ho chi Minh, qui a participé au congrès de Tours fondant le Parti communiste, dénonce le colonialisme. Dans un de ces articles du 1er juillet il s’élève contre « l’indifférence du prolétariat métropolitain à l’égard des colonies » et « les préjugés ». Il écrit : « Pour l’ouvrier français, l’indigène est un être inférieur, négligeable, incapable de comprendre et encore moins d’agir. Pour l’indigène, les Français, quels qu’ils soient, sont tous de méchants exploiteurs. L’impérialisme et le capitalisme ne manquent pas de profiter de cette méfiance réciproque et de cette hiérarchie artificielle de races pour empêcher la propagande et pour diviser les forces qui doivent s’unir. »
Alain Castan