Ce samedi 17 février nous avons organisé une journée autour des luttes antiracistes avec comme support le Guide du Marseille colonial et l’exposition au musée d’histoire de Marseille « là où il y a oppression il y a résistance ».
Toute la journée une équipe de de France 3 nous a suivi d’abord sur les traces du guide colonial de Marseille.
Nous avons choisi comme point de départ les Mobiles aux Réformés. On se souvient que c’était le lieu de rendez-vous pour les manifestations antiracistes, contre les guerres en Irak par exemple et, bien sûr, la Palestine mais aussi pour d’autres luttes.
Alain Castan nous rappelait qu’on ne regardait pas de trop près ce monument des Mobiles. Un jour, il se rend compte qu’un hommage est rendu au 45e régiment de marche pour avoir réprimé, en 1871, « l’insurrection arabe de la province de Constantine ».
Non loin de là, le Boulevard de la libération : il y a 80 ans, le 23 août 1944, les premiers soldats de la 3e Division d’Infanterie Algérienne pénètrent dans la ville. Plusieurs centaines de soldats algériens, marocains et tunisiens sont morts pour libérer Marseille du joug du nazisme. Mais pas vraiment de trace de cette histoire dans notre ville.
On évoquera des personnages, Joseph Thierry, Léon Blum ou Léon Gambetta, qui sont plutôt partisans de la colonisation.
En remontant vers la gare par le bd d’Athènes on passe devant la Banque Bonnasse qui a largement contribué à la colonisation et au pillage des ressources des régions colonisées.
On arrive au pied de la gare Saint-Charles, on y voit les deux statues de femmes assises qui dominent les « femmes colonies d’Afrique et d’Asie » en position allongée, offertes aux conquérants.
C’était aussi un lieu de manifestation entre 1955 et 1956 de rappelés du contingent qui refusaient de partir pour la guerre d’Algérie.
Non loin d’ici on retrouve d’autres personnages comme Jules Ferry, fervent colonialiste et Voltaire, éminent représentant de l’ambiguïté du siècle des lumières.
On se dirige vers la place Colbert, et nous faisons d’abord une halte à la place Louise Michel, militante de la commune et anticolonialiste, qui a sympathisé avec les Algériens déportés en nouvelle Calédonie et soutenu le peuple Kanak.
Comment ne pas citer Ousmane Sembene, anticolonialiste, qui était docker à Marseille puis cinéaste, écrivain...et bien sûr on pense aux travailleurs coloniaux qui habitaient le quartier Belsunce. À cette occasion nous rappelons qu’une pétition demande à la mairie qu’une rue porte le nom de Sembene Ousmane
A Colbert, c’est Josette Bapin, martiniquaise, qui va nous parler du code noir. Elle nous explique que la date de commémoration de l’esclavage n’est pas la même dans tous les territoires. Mais, pour faire consensus, c’est le 10 mai qui est choisi pour reconnaitre que la traite négrière et l’esclavage sont un crime contre l’humanité.
Non loin de là il y a la place Sadi Carnot avec les Messageries maritimes qui ont prospéré grâce aux conquêtes coloniales. Il nous faut citer aussi des anticolonialistes Gabriel Péri et Henri Barbusse.
On termine cette balade devant la chambre de commerce et d’industrie non loin de l’immeuble de la Société générale qui ont contribué financièrement et politiquement à l’enrichissement de la ville et de notables marseillais grâce aux commerces coloniales.
Dans l’après-midi une partie du groupe nous a suivi au Musée d’histoire de Marseille pour la présentation de l’exposition « là où il y répression il y a résistance ». On y voit l’évocation des luttes d’indépendances des années 1960, des manifestations du 17 octobre 1961, le rappel de l’histoire du Mouvement des Travailleurs Arabes et des ratonnades oubliées de 1973 sans oublier l’attentat du consulat d’Algérie, pour arriver aux 40 ans de la marche pour l’égalité et contre le racisme partie de Marseille le 15 octobre 1983 ; des crimes racistes d’hier à aujourd’hui.