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Arrondissement 1er - Quartier De la gare Saint Charles à Longchamp

Athènes (boulevard d’)

Délibération du 15 mai 1938



En haut du boulevard d’Athènes, la gare Saint-Charles et ses grands escaliers dominent le centre-ville. Elle a été inaugurée le 8 janvier 1848 pour la Compagnie du chemin de fer d’Avignon à Marseille. Avec le port de la Joliette, elle a longtemps été le point de passage obligé entre la France et les colonies pour les travailleurs coloniaux, les commerçants et les soldats. En 1955 et 1956 elle a été le théâtre d’importantes manifestations de rappelés du contingent qui refusaient de partir pour la guerre d’Algérie.

Souvent, on découvre Marseille à partir des grands escaliers de la gare Saint-Charles permettant d’atteindre le boulevard d’Athènes et La Canebière. Commencés en 1919, ils devaient être prêts pour l’Exposition coloniale internationale de 1922. Ils ne seront finalement terminés qu’en 1925. Tout à la gloire de l’Empire colonial, ils incluent deux groupes en pierre de Louis Botinelly, les colonies d’Afrique et les colonies d’Asie, dont les allégories sont à chaque fois des personnages féminins condensant tous les stéréotypes et fantasmes racistes et sexistes propres au colonialisme. Des militant·es et organisations antiracistes réclament régulièrement que ces sculptures soient retirées ou, pour le moins, accompagnées de commentaires appropriés. L’historien Philippe Joutard les a décrites ainsi :

Marseille, porte de l’Orient : le cliché colonial par excellence. De fait, le voyageur qui arrive à la gare SaintCharles et descend son escalier monumental passe entre deux femmes assises chacune à la proue d’un navire. À droite, c’est l’allégorie de Marseille, colonie grecque ; à gauche, celle de Marseille, porte de l’Orient ; en contrebas, deux autres femmes couchées avec leurs enfants représentent les colonies d’Afrique et d’Asie. La leçon est claire : la cité phocéenne domine les territoires des deux grands continents ; le fantasme est plus évident encore : les « femmes-colonies » sont offertes, nues, presque liées, colliers autour du cou, bracelets aux bras et aux chevilles, et leurs filles elles-mêmes semblent à la disposition du conquérant [1] !

Au n°12 du boulevard se trouvait le siège historique de la Banque Bonnasse construit en 1825.

 

[1Philippe Joutard, « Marseille porte de l’Orient », L’Histoire, n° 69, juillet-août 1984.

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Mise à jour :mercredi 22 mai 2024
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