Assia Djebar a été une grande écrivaine de renommée internationale. Élue à l’Académie française en 2005 er, en 1999, à l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, chaque année une journée Assia Djebar lui est consacrée au Québec et, depuis 2010, existe en Algérie, un Prix Assia Djebar du roman. Elle fut avant tout, cependant, une écrivaine algérienne d’expression française ayant un rapport intime et permanent avec son pays comme avec les langues arabes et berbères.
Assia Djebar, de son vrai nom Fatima-Zohra lmalayène, fait partie d’une génération d’intellectuels algériens qui contrairement à la grande majorité des algériennes et algériens d’origine arabo-berbère, qui ont eu la possibilité de fréquenter l’école française. Elle est née le 30 juin 1936 à Cherchell . Son père avait fait des études à l’École normale d’instituteurs de Bouzaréah, condisciple de Mouloud Feraoun. Du côté de sa mère, dans la tribu des Beni Menacer, un aïeul, Mohammed Ben Aïssa El Berkani, était lieutenant (khalifa) de l’Emir Abdelkader à Médéa. L’arrière-grand-père, Malek Sahraoui El Berkani, neveu du khalifa et caïd des Beni Menacer, avait pris la tête d’une rébellion en juillet 1871, parallèlement à la révolte en Kabylie. Il a été tué au combat le 2 août 1871.
Brillante élève, elle poursuit ses études d’abord au lycée Bugeaud (aujourd’hui lycée Émir Abdelkader) à Alger, entre en 1954 au lycée Fénelon à Paris, est admise à l’Ecole normale supérieure de Sèvres en 1955. Elle en est exclue en 1956 pour avoir participé à la grève des étudiants algériens à l’appel de l’UGEMA ( Union générale des étudiants musulmans algériens) et ne s’être pas présentée aux examens. Elle écrit alors son premier roman, La Soif (Palis. Julliard, 1957) qu’elle signe Assia Djebar.
Elle se marie en mars 1958. Son mari est alors dans la clandestinité, Elle le suit à Tunis, où, tout en poursuivant ses études, elle collabore à El Moudjahid, organe du FLN. Elle enquête auprès des réfugiés algériens à la frontière algéro-tunisienne, témoignages et documents qui paraîtront dans El Moudjahid en 1959 sous le titre : Journal d’une maquisarde.
Après l’Indépendance en octobre 1962, elle enseigne à la Faculté des Lettres d’Alger (histoire moderne et contemporaine de l’Afrique du Nord) et collabore à plusieurs périodiques algériens ainsi qu’à la radio algérienne. Elle quitte l’Algérie en 1965. De retour à Alger en 1974, elle est maître assistante à l’Université. Elle réalise en 1977 pour la télévision algérienne un long métrage, la Nouba des femmes des mont Chenoua après trois mois d’enquête auprès des femmes de la tribu maternelle et six mois de tournage. Le film sort en 1978. Il obtient en 1979 le Prix de la Critique internationale (FIPRECI. à la biennale de Venise).