Amédée Courbet (1827-1885) est un officier de marine devenu contre-amiral en 1880 après une mission aux Antilles. De 1880 à 1882, il est gouverneur général de Nouvelle-Calédonie, colonie française depuis 1853. Mais c’est comme chef militaire des expéditions coloniales vers le Vietnam et la Chine qu’il s’est principalement fait connaître. Il dirige la flotte française lors de l’expédition du Tonkin de 1883, décidée par Jules Ferry. Celle-ci se conclut par le premier traité de Hué faisant de l’Annam et du Tonkin deux protectorats français. Ces régions sont respectivement le centre et le nord de l’actuel Vietnam et la région sud, nommée Cochinchine, est déjà une colonie française annexée en partie dès 1862 puis totalement en 1874.
Suite à l’attaque des troupes chinoises qui contestent la domination française sur l’Annam, c’est Courbet, nommé alors vice-amiral et commandant en chef de toutes les forces navales d’Extrême-Orient, qui est chargé de mener pour la France la guerre contre la Chine. En 1884, il organise le blocus de Formose (actuellement Taïwan) et il détruit la flotte chinoise lors de la bataille de Fuzhou qui fait 2 000 victimes chinoises. Pour cet exploit, il reçoit la médaille militaire puis il est promu amiral. Il voudra alors attaquer Pékin pour conquérir la Chine, mais le gouvernement s’y opposa. Il meurt du choléra dans son navire, le Bayard, en juin 1885 à Makung dans l’archipel chinois des Pescatores. Les troupes françaises venaient d’en prendre possession sous son commandement. Sa dépouille est ramenée à Paris.
Considéré comme un « héros national », il reçoit les plus grands honneurs militaires dans la cour d’honneur des Invalides. Courbet est aujourd’hui le nom donné à la frégate d’intervention française dans le golfe arabo-persique dont la mission est de « protéger les intérêts européens » dans cette région du monde [1]. Le nom de Courbet est le lien entre l’ancienne politique de conquête coloniale en Orient et la politique d’ingérence d’aujourd’hui.