Albert Schweitzer (1875-1965) est médecin, pasteur et théologien protestant, philosophe et musicien alsacien. En 1913, il rejoint avec sa femme la station missionnaire Lambaréné, au Gabon. L’hôpital qu’il développe dans la forêt équatoriale le fait connaître dans le monde entier. Il est prix Nobel de la paix en 1952. L´argent du prix est employé pour achever la construction du village des lépreux. Schweitzer est un missionnaire, en même temps qu’il soigne, il évangélise et défend une vision bienfaisante et paternaliste de la colonisation notamment dans de nombreux sermons lors de ses retours en Europe.

Le 17 août 1960 est proclamée l’indépendance du Gabon, dans la même période que d’autres colonies françaises. Il écrit alors, selon Alain Peyrefitte [1], au général de Gaulle :

De Gaulle se trompe. Pourquoi veut-il décoloniser si vite ? Il veut traiter les Nègres comme s’ils étaient des Blancs. Pourquoi veut-il les mettre dans des bureaux ? Ce sont des chasseurs, des pêcheurs, à la rigueur des paysans, des manuels. Ils le resteront. Les masses africaines en sont encore au néolithique. De Gaulle ne se rend pas compte qu’ils ne sont pas mûrs pour la démocratie. Encore moins pour l’indépendance. Elle sera pour eux une tragédie.