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16e arrondissement

Dans le 16e arrondissement, le quartier de l’Estaque et son port de pêche deviennent à partir du 19e siècle, un quartier ouvrier. Des ouvriers immigrés italiens, espagnols, arméniens, algériens travaillent dans les cimenteries, les usines de produits chimiques et les tuileries. Ils sont installés sur les hauteurs, dans le quartier des Riaux, où les propriétaires des usines ont fait construire des cités, comme la cité Kuhlman [1] et des courées pour y loger leurs ouvriers. Les quartiers de Saint-André et Saint-Henri sont d’anciens villages transformés par l’ouverture des carrières d’argile et l’installation des tuileries. Ces entreprises utilisaient une importante main-d’œuvre immigrée venant d’Italie puis d’Afrique du Nord et de l’Ouest.

La présence de nombreux bidonvilles a marqué l’histoire de cet arrondissement, comme le bidonville de Campagne-Fenouil qui date des années 1960 où vivaient des Gitans originaires des régions d’Alger et d’Oran. En 1970, ils représentent 85 % des habitants du bidonville. Ils sont stigmatisés et rejetés par la population. Ils vivent dans des conditions insalubres et n’accèderont à un logement social qu’après avoir vécu dans des « cités de transit » ou « cités d’urgence », parfois pendant plusieurs années. Ce n’est qu’en 2003 que ce bidonville a définitivement disparu [2]. Le bidonville de Chieusse-Pasteur est occupé dans les années 1950 par des ouvriers algériens venant majoritairement de Kabylie, qui travaillent dans les tuileries. Les baraques ont été fabriquées avec des planches, des tuiles et des tôles récupérées dans les usines.

Aujourd’hui, les collectifs des habitants des quartiers populaires continuent de réclamer justice et vérité pour les nombreux crimes. Ils continuent de dénoncer les faits de racisme et les multiples inégalités structurelles. Ils exigent l’égalité des droits et une justice sociale en acte aussi bien dans le champ de la rénovation urbaine, que dans celui du travail. Ils demandent également la reconnaissance d’une histoire coloniale encore trop invisibilisée.

[1En 1823, s’installe à l’Estaque la société des produits chimiques de Rio Tinto, d’origine espagnole, qui a pour successeur en 1916, la société Kuhlman. Absorbée par une filiale d’Elf Aquitaine, cette usine ferme ses portes le 18 mai 1989.

[2Hommes et migrations, n° 3, 2 018, p. 158.

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Mise à jour :samedi 7 décembre 2024
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